Chapitre 2

Publié le par Allen-kun

Chapitre 2 : Le commencement d'une nouvelle vie


Alors que Nakabe était encore tout émerveiller d'être entré dans la maison qui l'intrigait tant, oubliant presque ce qu'il venait de se passer, son nouveau Maître ne tarda pas à prendre les choses en main. Les quelques domestiques présents, surpris et effrayés de ce que tenait leur Seigneur dans ses bras, eurent du mal à redescendre les pieds sur terre.


-Himiko, prépares un bain tiède dans la chambre à droite de la mienne; Tohru, amènes-y des serviettes propres et des vêtements; Kagii, amènes-moi le remède pour les blessures légères qui se trouve dans mon armoir, flacon jaune !


Ne voyant toujours personne en mouvement et en suivant la direction des regards, il comprit rapidement qu'ils étaient tous intrigués par Nakabe. Il fronça les sourcils, serra les dents et porta sa voix à une tonalité plus élevée pour les faire réagir.


-EXECUTION !!


Ils sursautèrent, s'inclinèrent et se mirent chacun à effectuer leur propre tâche qu'ils avaient entendu d'une oreille. Il soupira.


-Euh...Sadadzuki-sama ? Demanda Nakabe d'une toute petite voix.


-Oui ?


-Et bien...vous n'êtes pas obligez de faire tout cela pour moi...je vous suis déjà assez reconnaissant de m'avoir sauvé la vie alors que je suis si étrange et que je répugne les gens.


-Tu n'es pas du tout répugnant à mes yeux, répliqua-t-il avec un haussement d'épaule, et je crois que vivre ainsi seul a dû être très difficile pour toi. Quel âge as-tu ?


-J'ai eu dix-sept ans en Février.


-Allons-bon. Et tu dis que ça fait deux ans que tu travailles et que tu vis seul ? Tu n'avais donc que quinze ans...tss...j'aurais dû le remarquer plus tôt, je ne sors pas assez pour constater de mes yeux que tout le monde vie un minimum correctement.


-Ne vous blamez pas ! Vous n'avez pas de raisons. Vous vous occupez très bien de cette ville, je n'en avais jamais vu une aussi calme.


-Combien en as-tu faites ?


-Deux ou trois...mais il n'y avait que barbarie là-bas...


En se remémorant ses douloureux et horribles souvenirs, sa voix légère ne devint plus qu'un murmure et ses yeux se brouillèrent. Ne voulant pas continuer sur ce sujet épineux mais se demandant tout de même dans un coin de sa tête depuis combien de temps il vivait seul, il entreprit de gravire le grand et somptueux escalier de marbre blanc qui leur faisait face. Un tapis rouge se trouvait sur les marches, étouffant le bruit de ses pas. Puis il tourna à droite et ouvrit la quatrième porte malgré le collis dans ses bras. En y repensant, il le trouvait incroyablement léger. Trop même pour sa taille. Il devait sans doute faire 1 mètre 65 tout au plus, il avait presque le poids d'un enfant de onze ans. Alors qu'ils entraient dans sa nouvelle chambre, Nakabe ne put réprimer une exclamation admirative. Bon sang, c'était sûr et certain, il n'était pas n'importe où avec n'importe qui. Le lit à baldaquin à gauche était à deux places, les draps étaient de soie et les coussins paraissaient mouelleux à souhait. Il y avait un bureau prêt d'une grande fenêtre au fond avec de lourds rideaux aux motifs baroques. Le parquet était magnifiquement ciré et en bois de couleur foncé. La couleur principale de la pièce étant de couleur grise et blanche, et très spacieux pour une simple chambre. A droite, une porte grande ouverte donnait par déduction à la salle de bain. La domesique, Himiko, sortit et sursauta en les voyant. Elle avait de longs cheveux noirs qui lui descandaient jusqu'à la taille. Ils tombaient devant en une frange bien coupée à hauteur de ses yeux très sombre qui faisaient ressortir sa pâleur naturelle. Sa surprise passer, elle se tint droite et prit un ton neutre :


-Sadadzuki-sama, le bain est prêt pour Monsieur.


-Très bien, merci, reprenez votre tâche habituelle à présent.


-Bien Monsieur.


Une fois dans la salle de bain, Akira reposa enfin le jeune homme à terre.


-Tu pourras te débrouiller tout seul à présent ?


-B...bien sûr, s'exclama l'autre en rougissant, je ne suis pas handicapé tout de même !


-Très bien, fit-il en souriant. Les serviettes sont juste à côté. Je reviendrais dans dix minutes pour voir si tout se passe bien.


-...


Puis il sortit en fermant la porte derrière lui. Alors qu'il rejoignait sa chambre pour vérifier que ce qu'il avait demandé était bien là, une image quelque peu saugrenue lui vint en tête : Nakabe nu dans l'eau tiède, sa peau rougit par la chaleur et ses cheveux d'argents collés à son torse dégoulinant...argh ! Qu'est-ce qu'il lui prenait ? Ce garçon n'était pas normal, pas du tout. Pourquoi ne le craignait-il pas comme l'avait fais les autres ? Il ne pouvait pas, tout simplement car le soit-disant monstre ressemblait plutôt à un ange. Il se frappa le front avec la paume de sa main.


-De toute façon, il faut que je lui trouve quelque chose à faire ! J'ai déjà tout le personnel qu'il me faut...sauf...


Une idée lui vint en tête et un sourire calculateur et pervers apparut sur son visage. Puis il sembla reprendre de nouveau ses esprits et se frappa de nouveau.


-Raaa ! Je ne pensais pas avoir l'esprit si mal tourné ! Mais qu'est-ce qui me prend bon sang ? Il vient à peine d'arriver que je perds la tête. C'est un homme, surtout ne pas l'oublier ! Et puis...ce n'est pas un homme ordinaire, on ne naît pas avec de tels attributs par hasard ! J'ai un mauvais pressentiment à son sujet...


Il sembla réfléchir quelques instants à la question avant de laisser sa conscience voguer au fil de ses pensées. De toute manière, il n'abandonnerait pas le jeune homme. Parce que son coeur lui interdisait, mais également car une volonté exérieur à la sienne lui intimait de le garder sous sa protexion. Un peu inquiet de cette découverte, il décida de l'oublier pour le moment. Quelque chose allait arriver ici, tôt ou tard.

Une fois qu'Akira quitta la salle de bain, Nakabe soupira. Décidemment, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait eu beaucoup de chance. Il retira, non sans douleur, ses vêtements sales et déchirés avant de se cramponer à la baignoire pour ne pas tomber. Il se laissa doucement glisser dans l'eau qu'il trouva pile à bonne température. Cette Himiko était douée. Alors que son corps se détendait, il regarda autour de lui pour observer les détails de la salle de bain. Ici aussi il y avait une grande fenêtre voilée par des rideaux fins en lin. Ici, tout était fait d'or et d'argent. Le carrelage faisait comme une mosaïque géante mais il ne put deviner ce qu'elle représentait. Puis il mit à scrutter la surface de l'eau et vit son reflet. Son visage se rembrunit. Il sortit ses mains de l'eau et les regarda. Tout était silencieux. Secouant la tête et prenant un air déterminer, il décida de ne pas laisser ses mauvaises pensées l'envahir et le déprimer. Voir le bon côté des choses : il allait travailler pour Sadadzuki, il devait être un très bon Maître...et puis, s'il lui laissait cette chambre, il vivrait conforablement et à l'écart de tous, peut-être jusqu'à la fin de ses jours. Il avait mal à la tête, aux côtes et à la cheville. Prit d'une soudaine fatigue, il cligna plusieurs fois des yeux. Il pensa à sa grand-mère alors que le sommeil l'emportait.


-Oba...chan... (grand-mère en jap) murmura-t-il, une larme coulant le long de sa joue.


Plonger une nouvelle fois dans ses pensées, Akira n'avait pas vu le temps passer. Il décida d'aller voir où en était son petit protéger. Il sortit de sa chambre, alla dans celle du jeune homme et toqua à la porte de la salle de bain.


-Nakabe-kun, tout se passe bien ? Tes blessures ça va ? Nakabe-kun ? Appella-t-il en frappant une nouvelle fois.


Ne recevant aucune réponse, il se décida à entrer. En voyant le jeune homme endormi dans son bain, quelque chose, une sensation pour le moins inconnu se déferla en lui. Mais après quelques secondes passées dans le trouble de son esprit, il revint sur terre. Il retira sa veste, retroussa les manches de sa chemise, prit une des serviettes poser sur une comode et la posa en biais de la bégnoire pour cacher les parties génitales de son hôte. Ben oui, un peu de retenu tout de même ! Puis il passa un bras sous les genoux, l'autre sous la nuque, le souleva, l'amena dans l'autre pièce et le posa doucement sur le lit. Une fois fait, il alla chercher l'autre serviette et entreprit de l'essuyer correctement avant de lui passer un pyjamas blanc en soie, non sans être une nouvelle fois troublé. Malgré toutes ses manoeuvres, le jeune homme ne rouvrit pas une seule fois les yeux. Le choc avait du littéralement l'assomer. Puis il prit le flacon qu'il avait amené et appliqua une sorte de pomade un peu liquide et incolore sur la cheville de Nakabe. Il le porta ensuite de nouveau et le glissa doucement sous les draps. Il posa l'une de ses mains sur le front du jeune homme et poussa un faible soupir de soulagement. Il ne semblait pas avoir de fièvre, c'était déjà ça. Les battements de son coeur se calmèrent enfin, étant étrangement irréguliers depuis qu'il l'avait vu ainsi endormi dans son bain. Il expira un bon coup et retourna dans sa chambre pour travailler, bien que son esprit soit attirer par l'être dans la chambre juste à côté de la sienne.


La nuit était présente depuis quelques heures déjà lorsque Nakabe commença à avoir un sommeil agité, bougeant dans son lit, poussant de faibles gémissements pleintifs. Il revoyait sa vie avec sa grand-mère dans la montagne. Il aimait cette vie, car ils ne devaient rien à personne et ils vivaient très bien par eux-mêmes, par le fruit de leur propre travail. Elle lui racontait souvent des histoires, la plupart du temps des anciennes légendes oubliées que sa propre mère lui avait contées. Mais un jour, à cause d'un hiver plus rude que les autres, elle tomba grièvement malade. N'ayant plus le choix, il chargea sa grand-mère sur un âne et descendit en amont pour aller en ville et trouver un médecin. N'ayant que très peu d'argent puisqu'ils n'en avaient pas besoins et qu'ils n'en gagnaient pas, tous refusèrent de l'aider. Nakabe était jeune, désespéré et terrifié à l'idée de perdre sa seule famille. Par un dernier effort, elle lui avait demandé de retourner à leur maison pour qu'elle puisse y mourir en paix. Ne pouvant rien faire d'autre, il décida d'écouter sa dernière volonté malgré ses réticences et pleura tout le long du chemin de retour. Il avait alors treize ans. Plus faible que jamais, ils arrivèrent à leur logis. Elle mourut près d'une heure plus tard, dans son lit. La pleurant pendant plusieurs jours, ne mangeant plus, ne dormant plus, il l'enterra dans la neige lorsque la météo fut plus calme, sous l'arbre où elle aimait lire ou faire une sieste les jours d'été. Tant bien que mal, il esseya de mettre en pratique ce qu'elle lui avait enseigné, mais il était trop faible et déboussolé pour chasser quoi que se soit. Abandonnant son logis, il décida de trouver du travail en ville. Mais à chaque fois, à un moment ou à un autre, il était découvert et devait partir en hâte vers une autre ville. Se fut ainsi pendant deux ans. Dans toutes celles dans lesquelles il avait vécu, tout tournait autour de l'argent et du pouvoir. Il s'était fait battre beaucoup de fois par des nobles, la plupart du temps parce qu'il se trouvait par hasard sur leur chemin. On avait même essayé d'abuser de lui une fois, pensant que c'était une fille. Mais après avoir vu ses particularités, l'homme avait été horrifié et il put s'échapper de justesse. Mais alors qu'il avait perdu tout espoir de vivre une vie simple et tranquille comme autrefois, voilà qu'il arriva à la cité dirigée par Akira Sadadzuki.

Non loin de l'entrée, près d'une clairière, il trouva un cabanon abandonné, lui rappellant sa première maison. Il l'adopta imédiatement, non sans nostalgie. Tous avaient été incroyablement gentil avec lui, certaines mères de familles lui offrant même un peu de nourriture de temps en temps, connaissant sa difficile situation. En trouvant du travail, il s'était fait des amis et ils étaient tous indulgent avec lui. Pour la première fois depuis longtemps, il était heureux, même s'il était seul. Puis lui vint les horribles images de sa chute et de la follie de son chef. Il avait l'impression qu'un démon entouré de flammes avait pris sa place et le menaçait de son trident et de sa langue fourchue. Il avait un rire démoniaque et se rapprochait de lui, essayait de l'attraper, de l'écraser...il se mit à crier.


Tout était noir et calme. Akira était dans son lit, à moitié endormi. Il n'arrivait pas à trouver un sommeil réparateur, quelque chose dans son cerveau lui en empêchait, ce qui était assez déplaisant, il devait l'admettre. Il allait être fatigué demain et bien qu'il sente l'envie de dormir, cette chose simple et courante lui était devenu impossible cette nuit. Etait-ce à cause de son inquiétude ? Il est vrai qu'il était traquassé par le fait que Nakabe ne se soit pas réveiller depuis la fin de la matinée. Il ne trouvait pas ça normal, mais le garçon ne semblait souffrir de rien en particulier, sa respiration était toujours restée calme et régulière comme toute personne normale en train de dormir. Il était resté ainsi assis à son chevet pendant plusieurs heures, ne se lassant jamais de le regarder dormir. Ce visage d'ange...il ne pouvait le quitter des yeux. Pendant ce temps, il avait également mis la situation au claire avec ses autres employés.


-Vous devez savoir pourquoi je vous ai rassemblé. Seulement un ou deux non présent à ce moment-là doivent se le demander ou doivent l'avoir déjà entendu. J'ai amené une personne particulière ici. Il s'appelle Nakabe. Il vivait ici depuis deux ans sans que l'on apprenne sa particularité mais aujourd'hui, à cause d'une chute, ses collègues l'ont appris, ont été pris de folie et ont tentés de le tuer. Il est donc à présent sous ma protection et je vous prierais de ne pas faire de remarques déplacées. Il peut vous effrayez, je ne peux rien y faire, mais penser plutôt que ce n'est pas du tout un monstre et qu'il a dû vivre des moments très difficile malgré son jeune âge. Merci à tous, reprenez votre travail.


Le discours était simple et court, mais tout y était dis. Alors que son somnolement s'effaçait et qu'il ouvrait les yeux dans le noir, il se mit une main sur le visage et soupira. C'est alors qu'il l'entendit crier comme un damné. Réagissant tout de suite, son coeur martelant sa cage thoracique sous l'effet de sa surprise et de son inquiétude, il se leva d'un bond de son lit et sortit en trombe de sa chambre pour arriver dans celle du jeune homme. Les rideaux n'avaient pas été tirés et la lueur de la Lune illuminait la scène. Nakabe se tordait dans son lit et criait de toute la puissance que ses cordes vocales lui permettaient. Akira ferma la porte derrière lui pour etouffer le bruit et s'approcha de lui.


-Nakabe-kun ? Nakabe-Kun ! Oi ! Réveilles-toi bon sang !


Alors que celui-ci donnait des coups dans les airs, comme pour chasser quelque chose, il lui attrapa les poignets.


-Nakabe-kun !


-NON !! LACHEZ-MOI DEMONS !!


-C'est moi ! Akira ! Nakabe réveilles-toi ! Ce n'est qu'un cauchemard !


-Je ne veux pas mourir !


C'est alors qu'il prit le visage de son protéger entre ses mains.


-Tu ne mourras pas Nakabe-kun ! Je te protègerais te tout cela je te le jure ! Je ne te laisserais jamais mourir !


Halletant et en larme, le jeune homme sembla enfin se réveiller sous cette douce promesse.


-Sadadzuki-sama...


-Ne t'inquiètes pas...je ne te laisserais jamais mourir sans rien faire ! S'exclama-t-il de nouveau en le prenant dans ses bras, le regard sérieux.


Un peu dépayser, son omologue se laissa aller à cette douce étreinte qui calmait les battements précipités de son coeur et qui chassait son horrible cauchemard. Il ferma les yeux. Ne le lachant plus, Akira se glissa à sa gauche et prit une position adéquate pour dormir.


-Sa...sadadzuki-sama ! Je ne voudrais pas vous dérangez, vous pouvez retournez dans votre chambre, begaya-t-il sans grande conviction, ses joues pâles virant au rouge.


-Tu n'en penses pas un mot, répliqua-t-il avec un sourire, et puis...je suis bien mieux ici que dans mon propre lit.


Toucher profondément par ses paroles, Nakabe se lova contre son Maître et s'endormi sous la cadence régulière des battements de son coeur. Akira lui-même profita quelques instants de cette étreinte inopinée avant de fermer les yeux et de se faire emmener dans les abysses que l'on nomme «sommeil».

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